AuteurPaula Buswell

Prévenir les comportements hors cadre en maternelle

Trop souvent, on sait qu’il faut poser des règles claires, on passe beaucoup de temps à préparer nos affichages, on les présente à nos élèves avec beaucoup d’espoir. Puis on se frustre quand les élèves ne les suivent pas. On se répète et on sanctionne les écarts. Ce système est peu efficace, et le sentiment que ‘ça ne sert à rien d’avoir des règles car ils n’écoutent pas’ peut finir par s’installer. Je suis passée par là aussi!

La recherche nous montre que, dans les classes où il y a moins de difficultés de comportement, 80% des interventions de l’enseignant sont préventives, et 20% seulement sont correctives*. Cela veut dire que pour chaque fois qu’on dit à un enfant “ce n’est pas ton tour de parole”, on devrait avoir félicité 4 fois des enfants qui ont levé la main en silence. Pas seulement parce que c’est “plus sympa” ou “plus bienveillant”, mais parce que c’est plus efficace.

On peut distinguer deux types d’action de prévention: celles liées à la relation qu’on va avoir avec nos élèves et à nos interactions du quotidien, et celles liées à notre organisation et préparation

Se montrer calme, exigeant, souriant

Établir une relation positive avec nos élèves, c’est la base de la prévention des comportements hors cadre. Et c’est même la base tout court, on devrait toujours partir de là. Nos élèves sont encore jeunes et ils ont besoin de se sentir accueillis et  en sécurité avec nous. Être souriant et accueillant n’est pas une option, c’est une posture professionnelle qu’on doit embrasser. Partager des moments de plaisir (chansons, histoires, jeux), prendre le temps de montrer et de dire à nos élèves qu’on est heureux de partager ce temps avec eux, cela met une ambiance agréable pour tous, et nos élèves ont tout simplement envie de mieux faire.

Plus concrètement, ce qu’on peut faire un classe pour tisser une relation positive et prévenir ainsi des écarts de comportement:

  • Se montrer calme en toute circonstance, même quand leur comportement nous énerve. Quand on doit montrer qu’on n’est pas d’accord, le faire avec fermeté mais aussi avec beaucoup de respect pour l’élève, sans crier. On reste maître de nos émotions, d’autant plus qu’on en train de leur apprendre à contrôler les leurs… 
  • Accorder beaucoup d’attention aux comportements qu’on souhaite voir. Avec authenticité, on félicite de façon très explicite, et plusieurs fois par heure, Nael qui a levé la main et attendu son tour, Maia qui a rangé les crayons…. 
  • Avoir des attentes élevées pour nos élèves, en termes de comportement comme d’apprentissage. Croire en eux, c’est leur montrer et leur dire qu’on les croit capables, puis leur donner les moyens d’y arriver. Si on part du principe qu’un élève va de toute façon déranger le groupe quoi qu’il arrive, on aura du mal à le convaincre de faire autrement.
Des routines claires et prévisibles

L’organisation de la classe et de la journée jouent également un rôle très important dans la régulation des comportements des élèves. Quand nos petits savent ce qui va se passer, savent ce qui est attendu d’eux, ils se sentent en sécurité et impliqués, et les écarts de comportement diminuent.

  • Installer une routine sécurisante et  prévisible. Annoncer le déroulé de la journée plusieurs fois aux élèves. En maternelle, ils ont très peu la notion du temps, notamment les petits. “On va à la récréation, puis ce sera l’heure de l’histoire. Après l’histoire je vais vous emmener à la cantine. Tous les jours, après l’histoire, ce sera l’heure de la cantine”. 
  • Installer des routines claires pour les moments clés de la journée, notamment les transitions. Comment on fait pour ranger la classe, qui fait quoi? Que fait-on quand on a terminé une activité? Je peux aller aux toilettes quand je veux? Comment on organise le rang pour aller en récréation? Qui s’assoit où en regroupement? Moins vous laissez de doute à ces moments qui reviennent tous les jours, plus ce sera fluide et moins vous aurez des comportements hors cadre à gérer. 
Enseigner les comportements attendus et tenir compte des besoins des élèves
  • Enseigner les comportements attendus  aux élèves. Tous les jours vous devez enseigner les comportements attendus. Je dirais même que, au delà de leur enseigner le comportement, il faut leur apprendre à avoir ce comportement. Ils sont encore très jeunes et spontanés, beaucoup contrôlent très peu leur impulsivité, savoir qu’on doit marcher ne suffit pas toujours, on doit apprendre à ne pas courir même quand on brûle d’envie de le faire. Une façon simple de le faire est de décrire le comportement attendu pendant que vous le faites: “ah, j’entends la chanson du regroupement! je vérifie, j’ai bien rangé mon puzzle et ma chaise, je vais aller m’asseoir. Ca y est je suis assise et j’ai bien croisé mes jambes, je vais poser mes mains et respirer trois fois pour me concentrer un peu. Ah, je vois que Sarah est bien installée aussi, bravo Sarah….”
  • Organiser la classe en tenant compte des besoins de vos élèves. En regroupement ou en atelier, garder les élèves les plus agités proches de vous. Avoir des places attitrées pour certains moments clé de la journée (regroupements, ateliers) crée une ambiance beaucoup plus calme lors des transitions car les élèves savent où ils doivent aller. Donner aux élèves agités des responsabilités pendant ces temps collectifs – tenir l’enceinte de la musique, tenir la mascotte de la classe – peut les aider à être concentrés. 

Dernier point, on intervient rapidement, dès qu’on voit que ça commence à chauffer. Plus facile à dire qu’à faire, mais c’est un des points clés pour une classe qui roule. Même quand on travaille avec un petit groupe d’enfants, on doit avoir l’œil partout, et nous déplacer souvent dans la classe.

*Cette série d’articles sur la gestion du comportement en classe se base en très grande partir sur le livre « L’enseignement explicite des comportements« , de Steve Bissonette, Clermont Gauthier et Mireille Castonguay). J’ai fait quelques adaptations pour que certains points soient plus adaptés aux enfants de maternelle, le livre étant à la base écrit pour l’école primaire et le collège. Les exemples sont tous tirés de mon expérience en classe.

Dans cette vidéo, Pr Steve Bissonnette fait un excellent résumé du livre, j’encourage grandement le visionnage:

Installer des routines qui fonctionnent en maternelle

Poser le cadre dans sa classe est la première étape pour une gestion de classe qui est à la fois respectueuse de tous, et qui est efficace.

Établir des routines qui marchent vraiment dans une classe de maternelle est un vrai défi. Mais des routines qui marchent sont la clé pour créer une ambiance sympa en classe, propice aux apprentissages et à l’épanouissement de nos tout-petits. 

Si le défi est grand, mieux vaut ne pas se lancer simplement en suivant nos intuitions, comme j’ai pu le faire pendant des années – la triste vérité est que nos intuitions sont souvent fausses en ce qui concerne la gestion de classe. Bonne nouvelle: nous savons aujourd’hui quels sont les outils et techniques qui ont fait leurs preuves dans les salles de classe. Je partage dans cet article un petit condensé de ce que les méthodes issues de la recherche en éducation nous proposent pour installer des routines avec efficacité et respect de tous. 

C’est parti!

Pourquoi les routines sont essentielles en maternelle

Commençons par poser les bases. Les routines sont les “dans notre classe, on fait comme ça”. Elles précisent les comportements qu’on attend de nos élèves à différents moments de la journée. Par exemple:

  • Être en regroupement – comment on s’assoit, comment on demande la parole..
  • Aller aux toilettes – comment et quand est-ce qu’on peut le demander
  • Déplacements dans l’école – en rang deux par deux, en file indienne? En silence ou en chuchotant? 

Ces routines sont essentielles car: 

  • Les routines créent un environnement prévisible et sécurisant pour les élèves. Elles offrent des repères temporels (après la récréation on écoute toujours une histoire) et comportementaux (pour écouter l’histoire je m’assois sur ce banc). Les enfants savent alors ce qui va se passer et ce qui est attendu d’eux. Cette prévisibilité réduit l’anxiété et le stress. 
  • Les routines permettent à l’enfant d’être autonome en classe. Comme ils savent ce qui va se passer et ce qui est attendu d’eux, les élèves se sentent en confiance. Ils peuvent alors s’engager activement dans les activités de classe: je sais où ranger mon puzzle quand je l’ai terminé, et je sais quelles sont les activités que je peux faire ensuite, je n’ai pas besoin de demander à la maîtresse.
  • Les routines libèrent du temps à l’enseignant, qui peut alors se concentrer sur d’autres apprentissages au lieu de passer la journée à gérer les comportements. De plus, les routines fournissent une structure essentielle aux transitions entre les différentes activités, maximisant ainsi le temps d’apprentissage et minimisant les perturbations.

Convaincu? On passe à la mise en place des routines. 

Comment installer des routines en maternelle

L’élément clé ici va être la planification. Il faut vraiment voir la mise en place et le maintien des routines comme un apprentissage. Tout comme on planifie ses séquences de phonologie, on va planifier la mise en place des routines. Ce qu’il faut prévoir à l’avance:

  • Le contenue des routines, qui sont claires et adaptés à l’âge de nos élèves
  • Leur mise en place: comment je vais enseigner ces routines. Les répéter ou afficher ne suffit pas. 
  • Leur maintien: ce que je vais faire pour que, une fois enseignées, les routines soient suivies. Les mots clés vont être constance, encouragement, prévention, intervention.

Allons y par étapes.

1. Je définis clairement la routine

J’utilise des verbes d’action concrets et positifs: je dis ce que les élèves doivent faire, et non pas ce qu’ils ne doivent pas faire. 

En regroupement, je lève la main en silence et j’attends d’être appelé pour parler

Quand j’arrive le matin, je dis bonjour en rentrant dans la classe, j’accroche mon manteau et je me lave les mains avant de choisir une activité. 

Quand j’ai soif, je peux aller boire sans demander permission, sauf pendant le regroupement. Je prends mon gobelet, je le remplis à moitié, je bois. Je verse le reste au lavabo. Je range mon gobelet sur l’étagère.

J’évite les verbes vagues comme “je suis sage dans le rang”, car être sage n’est pas une action concrète. On peut dire “Dans le rang, j’utilise une toute petite voix, je tiens la main de mon camarade et j’avance au rythme du rang”. 

Je vous conseille d’écrire vos routines, pour qu’elles soient très claires pour vous et pour que vous les transmettiez toujours de la même façon. 

En maternelle on partage souvent la classe avec une ASEM, et parfois avec un binôme si nous sommes à temps partiel. Comme la constance est essentielle pour aider vos élèves à suivre une routine, il est important que tous les adultes s’alignent et utilisent les mêmes routines.

2. Je planifie la transmission de la routine

On ne le dira jamais assez: expliquer une routine à des élèves de maternelle ne suffit pas. On doit enseigner à nos élèves à suivre la routine, comme on enseignerait une chorégraphie.

Pour l’enseigner de façon efficace, je vous conseille d’utiliser les étapes de l’enseignement explicite:

  • J’explique ce qu’ils vont apprendre à faire, et pourquoi
    • Aujourd’hui, je vais vous montrer comment ranger les livres dans la bibliothèque, pour qu’ils ne s’abîment pas et pour qu’on puisse avoir plein de beaux livres toute l’année. 
  • Je montre comment faire
    • Je range les livres en laissant ma pensée en haut parleur: “Je prends un livre, je le mets dans le bon sens, je le place en faisant attention aux autres livres. Puis je prends un autre livre…”
  • On fait ensemble une, deux, trois fois
    • Demander à quelques élèves de montrer en rangeant quelques livres.
    • Je sais que j’ai terminé de ranger quand il n’y a plus de livres par terre ou sur la banquette. 
  • Les élèves font seuls et je félicite, je corrige, j’encourage, j’apporte des précisions…

Une fois que nous avons présenté la routine à nos élèves, nous devons être très constants. Si la bibliothèque est mal rangée, on y revient pour remettre de l’ordre, même si cela veut dire qu’on perd quelques minutes de regroupement! Si j’ai appris qu’il faut lever la main et attendre d’être appelé pour parler en regroupement, je n’écoute pas un élève qui a parlé sans respecter cette routine. 

3. Je prévois des stratégies pour qu’ils suivent la routine

Une fois que vous savez exactement ce que vous attendez de vos élèves, il est temps de vous demander comment les encourager à suivre cette routine. Là encore, il y a des techniques qui fonctionnent mieux que d’autres. Gardons toujours à l’esprit que connaître n’est pas faire. Nos comportements sont dictés par bien plus de choses, même quand on sait ce qu’on doit faire. Sinon on mangerait tous 5 fruits et légumes par jour et on ferait du sport régulièrement. 

Je prends ici l’exemple de la routine:  “en regroupement, je lève la main en silence et j’attends mon tour de parole”. On ne va pas réfléchir en termes de “ce que je vais faire quand ils parlent sans lever la main”, mais en termes de “ce que je vais faire pour qu’ils lèvent la main et attendent leur tour de parole”. 

J’en parle avec plus de détails dans cet article sur la prévention des comportements hors cadre, mais voici quelques idées pour cette routine:  

  • Faire un rappel avant chaque regroupement: au début de chaque regroupement, je prends 10 secondes pour leur dire “je sais que vous avez beaucoup de choses à dire, je vais donner la parole uniquement aux élèves qui lèvent la main et attendent leur tour!”
  • Utiliser un signal ou un mouvement qui rappelle la routine. Par exemple dans ma classe on lève un doigt, et avec l’autre main on met un doigt sur la bouche. 
  • Le point le plus important ici à mon sens: ignorer autant que possible les enfants ne respectent pas la routine. Si vous rebondissez sur le commentaire d’un enfant qui a parlé sans lever la main, le message est très clair pour tous: pas besoin de lever la main ni d’attendre son tour, si je parle assez fort ça marche aussi.
    • Nuance aux débuts, ou chez les plus petits: au lieu d’ignorer simplement l’enfant, on peut le regarder avec bienveillance et lui montrer le signe de lever la main, mais sans rebondir sur ce qu’il a dit. 
  • Rester en “haut parleur” pendant que je distribue la parole: “ah, je vois que Mario a levé la main en silence, on t’écoute Mario”.
  • Féliciter un enfant qui suit la routine est beaucoup plus efficace que de faire un rappel tonique aux autres. “Je vois que tu patientes depuis un moment Lara, merci pour ta patience, on t’écoute”. 

Combien de routines on peut avoir dans une classe de maternelle?

Autant que besoin! Mon expérience est que les enfants peuvent en apprendre vraiment beaucoup. Plus les choses sont claires, plus les journées sont sereines et agréables, laissant du temps pour les apprentissages mais aussi pour beaucoup de partage et de moments de joie. Par exemple, une fois la routine du regroupement bien installée, passer ce temps avec eux devient un grand plaisir!

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Envie d’aller plus loin? Je vous conseille vivement de visionner cette vidéo où Steve Bissonnette nous transmet de façon très claire les principes d’une gestion du comportement en classe efficace.

Faut-il toujours formuler des règles de vie positives?

Vous avez sûrement déjà entendu dire qu’il est important de formuler les règles de classe de manière positive, et que cela est plus efficace que poser des interdits. Et peut-être que, comme moi, à premier abord vous êtes un peu sceptique. Quand j’ai commencé à enseigner, je pensais que c’était mon rôle de transmettre les interdits de la vie de manière explicite, en énonçant clairement ce que l’enfant ne devait pas faire pour qu’il comprenne: « tu ne peux pas taper”.

L’enjeu: faire respecter les règles de vie

Puis en classe, on comprend vite que l’enjeu n’est pas tant dans la compréhension des règles, mais dans leur application. Nos élèves, même les plus jeunes, connaissent les grandes règles de vie, ils savent qu’ils ne doivent pas taper. Mais beaucoup le font. Si l’enjeu n’est pas dans la compréhension de la règle, mais dans son application, la question qu’on doit se poser est: qu’est-ce que je peux faire pour que mes élèves respectent les règles de vie, et non pas pour qu’ils les comprennent. Et cette subtilité fait toute la différence.

Avant d’aller plus loin, précisons qu’une règle de vie est une règle qui s’applique à tous, en tout lieu et en toute circonstance. “Lever la main pour parler en regroupement” n’est pas une règle de vie, mais une routine, ou une règle de la classe. “Respecter le matériel” est une règle de vie: quel que soit le moment de la journée ou l’activité, on attend toujours que tout le monde respecte le matériel. Dans cet article nous allons parler uniquement des règles de vie, car la façon de les poser et transmettre est différente des routines de classe. Pour installer des routines, tu peux lire un article ici.

Quelle différence entre “marche” et “ne cours pas”?

Pour reprendre clairement notre propos, nous cherchons à savoir comment faire pour que nos élèves respectent les règles de vie de la classe, et plus précisément, est-ce que le fait de les formuler positivement va avoir une influence sur les résultat?

Une consigne positive attire l’attention de l’enfant (et de ses camarades!!!) sur le comportement qu’il doit avoir, sans attirer l’attention sur le comportement qu’on ne souhaite pas voir. Suivre une consigne formulée positivement (assieds toi et regarde moi) demande moins d’effort que suivre une consigne formulée négativement (arrête de bouger dans tous les sens!), et cela a l’avantage très bénéfique de rappeler à toute la classe le comportement souhaité pour tous.

De plus, certaines de nos règles demandent aux enfants d’inhiber des comportements qui leur sont naturels. Quand on demande à un enfant de marcher au lieu de courir, d’écouter au lieu de toucher les paillettes réversibles du t-shirt de Marcus, on leur demande d’inhiber des actions spontanées. Or nos petits élèves n’ont pas encore développé les capacités d’inhibition de manière autonome et efficace. Dire à un enfant de marcher, de poser ses mains sur ses genoux, quand possible en lui montrant comment faire, c’est lui donner une consigne très explicite qui va l’aider à se recentrer sur ce comportement.

Choisir des formulations efficaces

Nous avons vu que transmettre une consigne tournée positivement – dire de façon explicite le comportement qu’on attend de nos élèves augmente les chances que le comportement soit adopté. Ce n’est pas seulement plus agréable, mais c’est aussi plus efficace.

Mais pour certaines règles de vie, il n’y a pas toujours une seule alternative positive. Quand un enfant pousse un camarade pour prendre sa place, il aurait pu s’asseoir ailleurs, demander gentiment, demander de l’aider à l’enseignant. De plus, certaines règles de vie sont des interdits, et des interdits qui sont valables en tout contexte, pas seulement à l’école. Un bon compromis me semble de préciser l’interdit qui est le socle de la règle, tout en proposant une alternative formulée positivement.

Je propose donc une méthode un peu mixte que j’utilise depuis des années, et qui pour moi permet d’être à la fois très explicite sur le comportement attendu, mais aussi d’insister sur le caractère universel de certains interdits. Voici quelques exemples:

Pour les règles de vie qui sont à la base surtout un interdit, on peut choisir une formule mixte:

  • Quand on intervient lorsqu’un enfant a tapé, par exemple, on commence par proposer une action concrète qu’il aurait pu utiliser à ce moment précis, puis on précise l’interdit: Tu peux dire ‘arrête!’, mais il est interdit de faire mal. J’évite de dire “tu peux utiliser tes mots”, surtout avec les petits, car pris dans la colère ils ont du mal à trouver des mots… Quand c’est possible, je donne une alternative physique: “Tu peux taper des pieds si tu es frustré car tu voulais la voiture rouge, mais il est interdit de taper tes camarades”.
  • J’aime les formulations “il est interdit de” ou “on n’a pas le droit de” car elles soulignent le fait que cette règle s’applique à tout le monde. Ce n’est pas “tu ne peux pas”, ou “tu n’as pas le droit”, c’est un interdit, c’est nous tous qui n’avons pas le droit. Parfois j’ajoute même “personne n’a le droit de te taper, et tu n’as pas le droit de taper les autres”.

D’autres règles de vie sont facilement tournées positivement, on reste alors sur une formulation simple et courte:

  • “On s’arrête quand quelqu’un nous dit ‘arrête’”.
  • “Quand quelqu’un nous appelle ou nous parle, on regarde cette personne.”
  • Pour la maternelle, je préfère les formules en “on…” ou “nous…” plutôt que ‘je…”. Cela souligne le fait que la règle s’applique à tout le monde. Mais, comme ils sont petits… parfois je précise: “On s’arrête quand quelqu’un nous dit ‘arrête’, ça veut dire que tu dois lâcher Paul quand il te dit d’arrêter”.

Et pour d’autres, la formulation positive est possible mais un peu abstraite pour des élèves si jeunes. On peut alors préciser, avec des actions positives, selon les besoins du jour:

  • On prend soin du matériel de la classe: je te demande de ranger les livres correctement, bien remettre le bouchon des feutres… préciser clairement quelle action on attend de l’élève.

Donc, faut il toujours formuler ses règles de vie positivement?

Ma réponse est : oui, et non!

  • Oui, il est important que, dans la formulation de la règle, il soit toujours très clair pour l’enfant ce qu’il doit ou ce qu’il peut faire, et non seulement ce qu’il ne peut pas faire.
  • Non, cela ne veut pas dire qu’on ne doit jamais dire “non”, ou jamais dire l’interdit de façon explicite aussi. Au contraire, il est important que nos jeunes élèves soient rappelés au besoin du caractère universel de certains interdits. Cela les rassure, car si personne n’a le droit de taper, et que la maîtresse ne me laisse pas taper Sara, elle ne la laissera pas me taper non plus.

Et gardons à l’esprit que:

  • Le ton employé est tout aussi important (voire plus important) que les mots choisis. Un rappel à la règle se fait avec calme, sans aucun cri, sans ironie. Ceci dit, dans certaines circonstances, il me semble normal (et important) que l’enfant sente dans votre voix une fermeté. Nous nous devons d’être toujours respectueux, il ne s’agit pas de faire peur à l’enfant, mais il est important de lui montrer (et même lui dire!) que nous n’acceptons pas leur comportement.
  • En règle générale, parce qu’on est un peu sous le stress aussi, on parle trop au moment où on re-re-re-re-dit la règle, ce qui finit par noyer la consigne. Pour être efficace, on doit être très clair et utiliser la formulation la plus courte possible.

Tout un programme! Eh oui, mais c’est une habitude à prendre. Une fois qu’on comprend pourquoi ces formulations sont plus efficaces, et surtout qu’on les teste en classe, on ne revient plus en arrière, et cela devient même très naturel.

Pour aller plus loin, je te propose de créer une matrice comportementale pour ta classe. Cet outil t’aidera à avoir une vision claire des comportements que tu attends de tes élèves, et à trouver les bons mots quand leur comportement n’est pas en phase avec les règles de vie.

Et après?

Faire vivre et respecter les règles de vie, c’est le programme de toute l’année, de toute la maternelle, de toute la vie. Et au-delà de comment on les formule, ce sont nos actions du quotidien qui vont faire que les élèves apprendront à les respecter. Prêts pour la suite? C’est par ici: Comment faire respecter les règles de vie dans ma classe.