J’ai une petite phrase magique que j’utilise pour apprendre à patienter à mes élèves: “On va chauffer notre contrôle inhibiteur« . Cela marche à tous les coups, donc je partage avec vous la technique… que vous pouvez bien sûr adapter à votre sauce!
Trois étapes pour la mettre en place :
1. Comprendre le contrôle inhibiteur:
Le contrôle inhibiteur est un processus cognitif qui nous permet d’inhiber certains automatismes et de résister à la tentation. Il désigne ainsi la capacité d’un enfant à réguler ses réactions impulsives, à arrêter ou à freiner ses comportements spontanés. Il va permettre à nos petits élèves de:
- Arrêter avant d’agir impulsivement
- Suivre les règles
- Ecouter attentivement
La difficulté, est que le cerveau de l’enfant en maternelle est encore en plein développement, et son contrôle inhibiteur n’est pas encore aussi « performant » que le nôtre. C’est donc tout à fait normal que ces tâches d’inhibition de leurs envies et impulsions soient plus difficiles pour eux.
Cela ne veut pas dire qu’il faut baisser les bras et dire « de toute façon à 4 ans ils ne savent pas attendre leur tour de parole… ». Bien au contraire! C’est parce que leur cerveau est en plein développement que c’est le moment idéal pour leur apprendre à l’utiliser à leur avantage, leur apprendre donc à patienter, par exemple!
2. Expliquer tout cela à vos élèves:
Voici comment je l’ai fait:
J’ai installé mes élèves de Moyenne Section en regroupement. Après avoir “localisé” notre cerveau et parlé un peu de “à quoi ça sert”, nous sommes rentrés dans le vif du sujet. Je leur ai dit que c’est normal d’avoir envie de faire plein de choses qu’on ne peut pas faire, ou à un moment où on ne peut pas les faire. Et qu’il est difficile de ne pas les faire, parce que notre cerveau est très fort pour nous aider à faire des choses!
J’ai aussi dit que leur cerveau a une partie bien spéciale, le cortex préfrontal, tout devant, qui a des pouvoirs incroyables. C’est là qui se trouve notre contrôle inhibiteur, la partie de leur cerveau qui nous dit parfois: “Non! Il faut pas faire ça!”. Quand on a quatre ans, cette partie du cerveau est encore en train de grandir et n’arrive pas toujours à parler très fort. Donc qu’il faut être très concentré pour l’entendre. Et que pour aider notre contrôle inhibiteur à nous aider à patienter, rien de mieux que bien le chauffer quand on sait qu’on en aura besoin!
3. Mettre en action au début de chaque regroupement:
Je commençais ainsi chaque regroupement avec la même phrase: “Je vais vous poser des questions, vous allez tous avoir envie de répondre. Mais il faudra attendre d’être appelé. Alors on va chauffer notre contrôle inhibiteur pour qu’il nous aide à patienter”. Et on se frottait le front.
Et ça marchait. Les élèves était plus attentifs, il y avait moins d’interruption. Quand un enfant coupait la parole à un autre, je le regardais en frottant mon front. Une fois sur deux, le message passait: il se taisait et frottait son front aussi, puis levait la main.
Certes, c’est faux: se frotter le front ne “chauffe” pas le cortex préfrontal, et encore moins le contrôle inhibiteur. Ce rituel fonctionne parce qu’on est complètement dans la prévention, et il combine:
- Un rappel très explicite du comportement attendu
- Une technique pour aider les élèves à patienter
- Le sentiment d’être capable: les élèves croyaient dur comme fer qu’avec leur contrôle inhibiteur “chauffé”, ils seraient capables d’attendre leur tour.
Même si j’ai un peu joué avec les mots et les concepts, le message profond que je voulais passer était: Il y a une partie de ton cerveau qui t’aide à résister face aux tentations du monde. Et tu peux apprendre à l’utiliser.
Expliquer aux enfants comment fonctionne leur cerveau, c’est leur donner les clés pour qu’ils arrivent à se concentrer, à patienter, à mémoriser, à persévérer, à se corriger, à réguler leurs émotions, à apprendre. Et ils adorent!
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